En faisant de la matière grise l’un des principaux déterminants de notre croissance future, l’économie de l’immatériel impose de disposer des meilleures institutions permettant de la valoriser. C’est, en conséquence, de plus en plus sur l’efficacité du système d’enseignement supérieur et de recherche que reposera la compétition économique future. Tirant les conséquences de ce lien de causalité, un certain nombre de pays, notamment le Japon, la Chine, l’Inde et plusieurs pays d’Europe, ont fait de la réforme de leurs structures d’enseignement et de recherche une priorité. La France semble ne pas avoir pris toute la mesure de ce mouvement. Certes, les réformes de l’enseignement supérieur et des structures de recherche n’ont pas manqué depuis dix ans. Mais elles n’ont pas fondamentalement remis en cause les lignes directrices de notre système d’éducation et de recherche. Or celles-ci apparaissent de plus en plus obsolètes au regard des enjeux de l’économie de l’immatériel. Plus celle-ci s’impose comme le cœur de notre système productif, plus nos faiblesses deviennent un handicap. L’enjeu de l’économie de l’immatériel dépasse cependant celui de la recherche et de l’enseignement supérieur. Dans cette économie, la capacité à créer et à valoriser le capital créatif dont notre pays a su faire preuve pendant des années conditionnera la place de nos industries culturelles. Ne nous leurrons pas : la défense de l’exception culturelle ne saurait constituer une réponse suffisante si, parallèlement, nos dispositifs d’aide à la création ne permettent pas à nos industries de s’exporter et de conquérir de nouvelles parts de marché. Face à un cadre économique qui évolue en profondeur, ce sont tous les principes qui fondent nos politiques publiques en matière d’économie de la connaissance depuis des années que l’on doit aujourd’hui légitimement revisiter. Cette réflexion doit être conduite sans frilosité ni inhibition, mais au contraire en considérant qu’il n’est pas de sujets qui ne puissent être abordés pour des raisons de principe. Les changements à l’œuvre sont trop puissants pour que l’on puisse s’enfermer dans l’illusion que des barrières intellectuelles suffiraient à nous en protéger.