De Madrid aux Etats-Unis

Je n’ai jamais vraiment compris pourquoi l’Amérique fascinait tellement. Parce que lorsqu’on suit les événements qui s’y déroulent au jour le jour, ça ne donne pas vraiment envie de s’y installer. Sitôt sorti de la Silicon Valley, on tombe sur les taudis où vivent des milliers de sans-logis. Pourtant, la situation américaine n’est peut-être pas si lointaine de la nôtre. Il y a peu, j’ai en effet pu parler des élections américaines avec quelques personnes étrangères durant un colloque à Madrid. Nous avons en particulier évoqué la montée inattendue de Ted Cruz en Iowa. Ted Cruz, c’est cet évangéliste pur et dur qui fait frire son bacon sur le canon de sa mitraillette après une séance de tir. Un texan pur sucre jusqu’à la caricature. Lors de cette discussion, j’ai assuré à plusieurs reprises que nous ne connaissions rien de semblable en France. Mais maintenant que j’y réfléchis, j’en viens à me demander si notre pays ne suit pas une trajectoire identique à celle des Etats-Unis. Car ce qui caractérise fondamentalement ces élections, c’est bien la colère : les électeurs ne supportent plus le système actuel. Au pays du burger, ce sont des personnalités comme Ted Cruz qui font rêver les électeurs. En clair, des anti-systèmes qui promettent de mettre à mal le système actuel. Et de notre côté, nous ne sommes pas en reste, avec Marine Le Pen. Des deux côtés, c’est au fond la même histoire : comme le système montre ses limites, la population vote pour les anti-systèmes. Un phénomène qui n’est pas neuf. En fait, si je devais donner une date, je dirais que ça a commencé avec la première crise pétrolière. A ça sont venus s’ajouter tout un tas d’événements qui n’ont fait qu’accroître le défiance vis-à-vis du système : la crise de 2008, les abus de certains, l’inefficacité des politiques. Autant de pierres ajoutées à l’édifice de la colère. Et, en France comme aux Etats-Unis, et un peu partout dans le monde, d’ailleurs, l’on va clairement vers une rupture forte avec le système en place. Dans ce colloque à Madrid, une personne affirmait que ce rejet du système était un péril pour nos démocraties. Mais je trouve que c’est un point de vue pessimiste. Cela veut seulement dire qu’il est temps pour le phénix de mourir. Davantage d’information sur ce séminaire en Espagne en cliquant sur le site internet de l’organisateur.

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